LETTRE AUX JEUNES DU 3ème MILLENAIRE
Posté par qualita1 le 7 février 2015
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« Mes chers petits-enfants.
Vous devez le savoir, l’homme qui vit sur terre ressemble fort à un bateau
qui descend une rivière ou navigue en pleine mer;
l’eau est souvent calme, le vent souffle dans le bon sens,
mais il arrive que le bateau affronte la tempête.
La vie humaine évoque aussi bien une pluie de roses tombant du ciel
pour venir parfumer nos jardins qu’un tissu confectionné à partir des réalités
que personne n’appelle de ses vœux.
C’est justement dans ces contrariétés que l’homme trouve des opportunités
pour affirmer sa volonté d’être maître de son destin.
L’important pour lui est de savoir d’où il vient, où il va,
pourquoi et comment il doit vivre.
Exactement comme un bateau qui doit savoir de quel port il est parti,
et celui vers lequel il se dirige.
C’est drôle, n’est-ce pas, le bateau, objet sans cœur ni raison, mais capable de « savoir »?
La vérité est que l’âme de ce bateau est celui qui le dirige et le fait avancer.
Sans la force et la dextérité de ce dernier, le bateau ne peut rien contre la tempête;
il peut chavirer et se laisser emporter par les courants.
En effet, que de ressemblances entre un bateau en pleine mer et l’homme dans la vie.
Un philosophe, en évoquant la nature humaine, a eu ces mots :
« L’homme est un roseau pensant. »
Chez l’homme, penser, réfléchir, est vital.
S’il n’est plus capable de penser juste,
il n’est rien d’autre qu’un objet inanimé d’aucune valeur.
Dans sa construction, l’homme est un ensemble
formé par une enveloppe corporelle et une intériorité.
Par le corps, il est si fragile que parfois virus et bactérie
parviennent à neutraliser son système immunitaire;
mais par sa volonté et son courage, l’homme est capable de modeler la nature;
il est supérieur à toutes les espèces vivantes,
grâce à ses facultés intellectuelles et morales.
Pourtant, c’est souvent à cause de ces mêmes facultés qui le caractérisent
que l’homme a commis des erreurs.
Tel un bateau qui perd sa direction, l’homme peut chavirer
et sombrer dans les tempêtes de la vie.
Se tromper dans ses jugements, ne pas distinguer le vrai du faux,
ne pas assumer sa responsabilité vis-à-vis de soi-même ou de la société,
sont autant de facteurs qui déclenchent des fléaux
aux conséquences multiples et difficiles à maîtriser.
Maintenant que nous entrons dans le 21ème siècle,
nous sommes portés par l’enthousiasme universel et perceptible
aux quatre coins du monde
pour une vie de conforts matériels permise par les plus belles réalisations technologiques;
nous devons toutefois garder toute notre lucidité,
demeurer conscients que, dans n’importe quel domaine,
tous les comportements excessifs, allant au-delà du cadre moral acceptable,
sont sources de désagréments ou de malheurs.
Après de nombreuses années consacrées à l’acquisition du savoir,
n’importe quel étudiant au Vietnam connaît ce dicton :
« Pour une utilité de dix ans, on plante des arbres ;
pour une utilité de cent ans, on forme des hommes ».
Et pourtant, peu de gens en déduisent que l’homme en lui-même est le bien le plus précieux,
par rapport à tout le reste, le pouvoir, la richesse, ou la situation sociale ;
trop souvent, on néglige la dimension spirituelle,
et cède aux sirènes de la société matérialiste.
L’histoire nous a montré des vies exemplaires.
Au 4ème siècle, donc il y a très longtemps, vivait un jeune homme
dont l’intelligence et la vivacité, pourtant hors du commun,
ne lui étaient d’aucun secours;
plus il avançait dans sa vie d’adulte, plus il s’engouffrait dans les erreurs,
comme si d’un nuage tout noir une lueur avait jailli,
puis s’était éteinte définitivement.
Durant ces années si importantes pour la vie d’un homme,
une fuite en avant ne lui laissait aucun répit ;
il perdait tout sens critique, et tel un roseau il penchait à ras le sol,
mais plus aucune force ne lui permettait de se redresser.
Heureusement, Monica, sa mère, décidée à le sauver,
était persuadée que, s’il existait des obstacles qu’aucun ne pouvait franchir.
Dieu le Tout Puissant pouvait le faire.
Ainsi, jour après jour, sans jamais renoncer, elle parvint à transformer son fils,
qui s’engagea dans le chemin de la vertu,
avant de devenir un éminent théologien, philosophe et écrivain : saint Augustin.
Dans tous les domaines, au sein de toutes les organisations ou communautés,
petites ou grandes,
l’homme doit vivre dans l’espérance.
C’est l’espérance qui nous donne la paix intérieure,
et c’est en cela qu’elle est la source du bonheur.
Monica n’a jamais perdu l’espoir et elle a trouvé le bonheur.
Dans ces lettres, je veux vous parler de quelqu’un de bien ordinaire,
que vous pouvez reconnaître facilement.
Il ne s’agit pas des exploits d’une personne exceptionnelle,
qui fait partie de ceux qui ont écrit des pages d’histoire pour le bien de leur pays,
ou pour la paix dans le monde;
il ne s’agit pas non plus des œuvres de folie de ces aventuriers aux ambitions démesurées
qui ont ensanglanté des peuples en voulant conquérir le monde entier.
Il ne s’agit que de moi, sur le chemin de la vie,
comme un voyageur en train de terminer son dernier voyage.
Pourquoi parler de moi ?
Vous vous posez des questions, n’est-ce pas ?
Oui, c’est vrai, très souvent, je vous disais :
« Il ne faut pas parler de soi ; le moi est haïssable ».
Et me voilà, maintenant, en train de vous raconter des souvenirs de ma propre vie !
Vous avez bien retenu mon conseil, j’en suis très heureux !
Mais écoutez cette petite histoire, vous allez mieux comprendre.
Certaines soirées, dans cette maison, toutes les lumières s’éteignaient ;
tout le monde se trouvait plongé dans l’obscurité complète, tel un aveugle ;
cette obscurité semble modifier l’échelle du temps,
où une minute devient presque une éternité.
On ne voyait plus rien, on n’entendait plus rien,
on voyait du noir partout, surtout dans sa tête.
Les réactions d’affolements et d’énervements ne se faisaient pas attendre :
« Les bougies, vite, les bougies !
Les lampes à pétrole, où sont-elles ?
J’avais pourtant prévenu, il faut toujours les avoir à portée de mains !
Plus vite, plus vite ! Allumez les bougies. »
Puis suivait le silence, un long silence
que l’ardente attente de la lumière rendait quelque peu surnaturel.
Tout à coup, tout le monde se mit à pousser des cris de joie :
« Ah ! La lumière revient ! Elle est là ! »
Tout redevient normal ; des discussions, des travaux, qui étaient suspendus, reprenaient.
Et c’est ainsi que les choses se passent dans la vie de tous les jours,
pour chacun de nous, pour chaque famille, pour la société.
La lumière, le soleil, nous apportent joie et vitalité,
tandis que l’obscurité sème tristesse et peur.
Mais savez-vous qu’il y a quelque chose de plus inquiétant encore?
C’est lorsque la lumière de la vérité, l’attachement à un idéal, s’éteint définitivement en nous,
et que personne ne cherche à la rallumer.
C’est lorsque nous ne nous soucions plus de la vie intérieure,
lorsque nous nous contentons de regarder des choses sans les voir,
de vivre sans jamais nous poser de questions.
Quelle tristesse!
Et quel danger !
Que tous dans la famille, notamment les plus grands,
ceux qui sont investis d’une responsabilité morale à l’égard des autres,
soient des sources de lumière qui s’éclairent mutuellement,
et que nous léguerons aux générations futures.
Un de ces jours, vous deviendrez des parents, puis plus tard des grands-parents ;
dès maintenant, préparez-vous, ayez à votre échelle une vie exemplaire,
devenez un jour une lumière pour les plus jeunes.
C’est là la part de travail qui incombe à notre « moi ».
En ce sens, le « moi » est indispensable, n’est-ce pas ?
Au revoir, mes chers petits-enfants. »
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(M. Van Hoa Tran)
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